Refaire un joint de quille

Lors de l’achat d’un quillard d’occasion, l’un des premier réflexes classique est d’aller faire un petit tour du côté des boulons de quille pour voir si il n’y a pas de fissures, de rouille sur les boulons ou tout simplement la présence d’eau salée dans les fonds, témoignage d’une rencontre malencontreuse entre la quille du bateau et un caillou ou autre ofni égaré pendant une navigation. Cependant même si l’ensemble des boulons et leur ancrage, si les fond et l’état des varangues semble sain, la mise à sec du bateau peut être révélatrice des ravages du temps, ce qui était malheureusement mon cas. Le joint qui était d’origine(30 ans)commençait à se décoller sérieusement, d’ailleurs je n’ai eu aucun mal à l’enlever, en cinq minutes et à la main tout est venu d’un coup!

1)Avant d’attaquer

Je précise tout d’abord que cette méthode fonctionne pour un petit bateau(dans mon cas un Kelt 620), ici pas plus de 500 kg dans la quille avec une petite coque de six mètre vingt environ. Pour un bateau plus gros je pense qu’il faut prendre plus de dispositions notamment pour bloquer le lest et aussi pour bien répartir les poids du bateau sur ses bers(une fois la quille descendue, le centre de la coque ne repose plus sur rien).

Première anticipation: si on prévoit de faire ça avant l’hivernage du bateau, il faut le surélever sur ses bers pour prévoir de l’espace pour la descente de la quille. Il va falloir un espace suffisant pour nettoyer la coque et la tête de quille, les débarrasser des vestiges de l’ancien joint, et aussi pour glisser sous la quille un cric(dans mon cas j’ai utilisé un cric de camion ford, assez gros donc bien stable sous charge). Perso je me suis fais avoir je n’avais pas anticipé, et payer un grutage supplémentaire si on peut l’éviter c’est quand même mieux. Quand on a prévu le bon espace, on repose la quille sur des planches de la façon suivante:

jointquille

Les cales utilisées ne doivent pas être trop épaisses, lors de la descente de la quille on peut alors faire ça en douceur, par étapes tout en ajustant le centrage du cric pour bien équilibrer la quille dessus.

 

 

Matos: il va nous falloir du wd 40(si on a du mal à dévisser les boulons), des boulons de rechange en inox A4(inox marine, le plus résistant à la corrosion)avec les écrous nylstop qui vont avec(toujours en A4), quatre tiges filetées du même diamètre que les boulons(de bonne longueur) , et du sika type 291(spécialisé pour l’étanchéité). Pour mon petit bateau il m’a fallut 3 tubes de sika.

2)A l’attaque

Avant de descendre la quille on vire bien sûr l’ancien joint mais aussi tout les boulons de quille et les contreplaques. A la place on dispose quatre tiges filetée aux quatre extrémités de la quille, ces dernières serviront de guide et de maintient du lest au fur et à mesure de la descente. J’avais aussi au préalable installé un coffrage en bois tout autour de la quille par précaution, mais au final cela n’a servit à rien.

quille5 [70]

 

Les tiges filetées ont largement suffit pour guider et immobiliser la quille. En cas de doute j’avais aussi pensé à mettre des pneus de chaque côté si l’ensemble se cassait la figure.

 

 

 

 

Pour bien installer les tiges filetées de façon à ne pas abîmer les trous des boulons de quille où elles passent, à l’intérieur du bateau on les fait passer à travers des tassauds en bois de la façon suivante(désolé j’ai paumé la photo, du coup petit schéma à la place):

jointquille2

 

 

Après avoir fait passer les tiges dans les tassauds en bois, on les immobilise avec contreplaques(on réutilise celles des boulons de quille)et écrous.

 

 

 

La descente du lest est simple, on centre du mieux possible le cric sous la quille et on vient le mettre légèrement en appuis sur cette dernière de façon à pouvoir dégager les deux première cales. Quand c’est fait et que la quille ne repose plus que sur le cric, on descend le cric doucement; dans mon cas elle n’est pas venue de suite et il a fallu taper sur le haut du lest au marteau(ne pas oublier d’utiliser une cale pour ça, ne pas taper directement sur le lest). Quand elle descend et vient se mettre en appui sur les deux cales suivantes, on recommence l’opération jusqu’à avoir la place suffisante pour travailler dessus.

Pour enlever l’ancien joint(du moins ce qu’il en restait)j’ai utilisé une spatule pour gratter et de l’acétone, et pour finir un papier à poncer de finition. Il est super important de dégraisser les deux surfaces de contact(quille/coque)au maximum avant de faire le joint.

3)On remonte

Quand j’ai bossé sur le joint la température était d’au moins 20°C, du coup le sika met plus de temps à durcir et on a plus le temps de travailler dessus correctement. On applique le sika sur la tête de la quille en zig-zag en passant bien par l’extérieur des trous des boulons de la façon suivante:

jointquille3

Ensuite on remonte la quille au cric en prenant soin de remettre au fur et à mesure les cales enlevées précédemment sous la quille. Quand le lest est revenu à son niveau initial, si les surfaces sont en contact mais que le sika ne « dégueule » pas suffisamment ce n’est pas grave. On met en place les nouveaux boulons inox en mettant du sika sur leur filetage avant de les visser(ne pas oublier de remettre les contreplaques avant!). On ne les visse pas à fond pour le moment(prévoir environ cinq tours d’avance avant le serrage final). Ensuite on peut enlever les tiges filetées et mettre les boulons à la place(pareil ne pas serrer tout de suite à fond). Il faut attendre que le joint durcisse pour serrer à bloc, car en séchant il gonfle. En plus en serrant directement au maximum on peut créer un décollage partiel du joint lors du grutage du bateau, et pour le coup une étanchéité médiocre…

quille2 [70]

 Enfin, on ajoute du sika pour avoir assez de matière pour le joint sur le pourtour de la quille. Surtout utiliser des gants(m’a fallu trois jours pour retrouver des mains normales)et une spatule souple caoutchouc pour lisser le joint. Pour avoir un bon lissage on peut tremper sa spatule dans du produit vaisselle. Pour finir on met du sika sur les têtes de boulon.

 

 

 

Quand tout cela est fait, on attend deux/trois jours pour serrer tout les boulons au maximum. Voilà c’est prêt!

2 réflexions au sujet de « Refaire un joint de quille »

  1. Article classe et informative, merci. Une question : Il y a il toujours une « fente » entre la coque et la quille sur le Kelt 620 ou est ce que c’est une indication que la quille bouge? D’habitude ce joint est couvert de gelcoat/polyester, non ? Je suis aller voir un Kelt 620 pas chère mais cette « ouverture » m’inquiète…

    1. Bonjour, merci! Je ne sais pas si c’est le cas pour tout les kelt 620 mais le miens qui est une version quillard a un espace entre la quille et la coque; là où se situe la semelle de la quille(en fait c’est juste un gros joint en sikaflex)la semelle en sika permet d’amortir les vibrations de la quille.Ensuite normalement pour bien étanchéifier il y a un joint congé toujours en sika qui recouvre cette fente. Sur mon kelt j’ai du le refaire car il partait en lambeaux simplement à la main en tirant un peu dessus (il était d’origine). Bonne journée.

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