Ce trajet de navigation est intéressant car il regroupe plusieurs zone distinctes: le sud de l’Espagne(l’Andalousie), le Portugal, un peu le nord de l’Espagne(la Galice) et pour finir le golfe de Gascogne. Chaque coin a ses propres particularités. Ce convoyage s’est fait sur un dériveur lesté en alu de 43 pieds, un Kim grand sud. En plus comme on avait une go pro à bord je vais enfin pouvoir mettre un peu de video youpi!
1)L’andalousie, Portugal sud
Le départ passe inexorablement par le détroit de Gibraltar, assez étroit au final. Sa largeur minimale est d’environ 8 miles entre Tarifa(un spot bien connu des planchous)et le Maroc, bien identifiable par la hauteur de la côte à ce niveau(jusqu’à 600 mètres). Le trafic des cargos y est soutenu, bref c’est un peu un boulevard mais en longeant la côte Espagnole il n’y a pas de problème.
Le meilleur moment pour longer la côte se situe environ trois heures avant ou après la pleine mer de Gibraltar, là le courant sera bien faible. Si on veut profiter du courant pour nous porter vers l’Atlantique il sera favorable quand l’heure sera proche de la pleine mer de Gibraltar toujours. Au niveau du vent pour nous c’était calme mais le détroit est généralement soumis à des vents d’Est(Levante) ou d’Ouest(Poniente) accentués par effet Venturi avec le détroit. En septembre le Levante est fréquent et peu parfois être violent. Au niveau navigation ici il n’y a pas de soucis particulier sauf les casiers pour l’instant peu nombreux(malheureusement après ils se multiplient comme des petits pains…).
Pour le passage du Golfe de Cadix, soit on choisit de le faire par petites étapes à la journée, soit on le traverse d’une traite. Ce n’est pas terrible dans ce coin de faire du côtier de nuit car l’endroit est bourré de casiers et de filets à thon(exemple l’entrée de Barbates), ces filets sont normalement balisés de nuit mais peuvent être sensiblement déplacés d’une période à l’autre dans l’année, et en plus le balisage se voit un peu à la dernière minute, surtout avec de la houle et des vagues. Du coup pour gagner du temps on a coupé le golfe jusqu’à Albufera. Il faut alors se préparer à naviguer de nuit et veiller très attentivement aux paquebots, en plus le golfe de Cadix est une zone d’exercices militaires(lumières de feux de nav aperçues peuvent être peu communes), mais en longeant le rail des cargos sans s’engager trop dedans il n’y a pas de problèmes. Concernant le vent départ avec une vingtaine de nœuds au largue chutant progressivement à 10 nœuds dans la nuit pour finir lamentablement en pétole au large de Faro.
(Remarque: sur le guide Imray(très bon bouquin)Espagne/Portugal, il est indiqué que Albufeira est facile à trouver, avec une entrée de nuit repérable par un phare à occultations d’une portée de 11 Miles. Oui mais non en fait la côte de nuit est éclairée comme un sapin de noel, et ce feu est visible vraiment à 2 miles de distance, le tout dans des conditions pépères de visi et de mer! Après peut-être que le phare ne fonctionnait pas correctement à ce moment là. Le ponton d’attente situé devant la marina, juste après la digue à tendance à faire du smurf ce n’est pas terrible d’y passer la nuit.)
(remarque: dans le sud de l’Espagne et le Portugal il est d’usage de s’amarrer d’abord au ponton de la capitainerie pour s’enregistrer(papiers du bateau, carte d’identité…Les démarches prennent environ une demi-heure à chaque fois), et après prendre une place dans le port. Il y a pas mal de contrôles dans le coin.)
Ensuite de Albufeira au mouillage du cap Saint Vincent il n’y a pas de problème particulier si ce n’est l’augmentation du nombre de casiers; même en prenant une ligne de sonde supérieure à 60 mètres on en croise fréquemment. Ce mouillage abrites bien des vents du Nord, Nord Ouest(Nortada). Pendant la période des alizées Portugais c’est pas mal de partir d’ici très tôt le matin avant que le Nortada ne deviennent trop fort.
Après avoir franchit le cap Saint Vincent, les conditions jusqu’ici assez Méditerranéennes(Poniente, levante, thermique)changent.
2)Portugal façade Atlantique
On passe à un régime de vent essentiellement de secteur nord(alizées Portugais d’avril à septembre environ), avec beaucoup moins de ports ou d’abris disponibles. Il y a des phénomènes de barre à l’entrée de certains ports par vents d’ouest(les fonds remontent vite en approchant de la côte, du coup pas mal de spots de surf dans le coin), donc dans ce cas inaccessibles car trop dangereux. Certains ports comme Cascais(nous en reparlerons après), Nazaré et Leixoès sont accessibles même par fort vent du large. Comme le relief côtier est assez bas(beaucoup de plages)la brise thermique joue un rôle très important; elle se développe l’après-midi puis s’additionne au Nortada(la brise thermique tourne à droite au cours de la journée). En plus, la température de l’eau étant bien froide(12/13 degrés)et la terre encore bien chauffée en septembre, il faut s’attendre à des bonnes montées d’anémo en fin de journée à cause de la brise thermique. Le mieux est de partir très tôt le matin quand on remonte vers le nord.
Au niveau du trafic côtier la pêche est très présente, pas mal de petits bateau et de chalutiers, des casiers assez nombreux(on en trouve encore à 80 mètres de fond). Il faut vraiment faire une veille attentive. Je ne sais pas pourquoi mais à propos de la réception en nav, les téléphones ne passaient plus ainsi que la clé internet même tout près de la côte; pour prendre la météo à la vhf il est utile d’avoir un petit enregistreur c’est pas mal(bulletins en anglais avec l’accent Portugais…)ou un navtex au mieux, voire encore une blu. Il n’y a pas beaucoup de rediffusions de la météo à la vhf…
(Remarque: l’eau froide et la pêche importante engendrée par la présence de poisson est dûe au upwelling de la côte Portugaise, très présent en fin d’été à cause des alizées Portugais qui chassent l’eau chaude de surface, amenant ainsi une remontée des eaux froides profondes riches en nutriments, amenant du plancton, du poisson, et donc des pêchous et aussi beaucoup de dauphins(on en a croisé tout les jours là-bas).)
La navigation entre le cap Saint Vincent a bien commencé avec un vent d’est d’une quinzaine de nœuds jusqu’à Setubal, puis bonne pétole. Après une nuit au moteur le vent a commencé à se lever, de secteur est toujours mais en tournant nord rapidement durant la journée en se renforçant. Dans la baie de Lisbonne à la première bouée de chenal en fin d’après midi le vent a finit par s’établir à 35 nœuds au près(vent nord-ouest) avec des rafales à 45, du coup on s’est rabattu sur Cascais(abrite des vents de secteur nord, accès facile)à cause de l’écoute de GV cassée et aussi des fonds qui remontent brusquement à l’entrée du Tage, pouvant amener une mer formée par gros temps d’ouest notamment. La navigation s’est finie avec tourmentin et moteur dans la joie et la bonne humeur relative dirons nous.
A cause des alizées Portugais encore bien actifs et de notre type de bateau(dériveur lesté de 9 tonnes, pas l’idéal pour faire du près)on a dût poireauter une petite semaine à Cascais en attendant une bonne fenêtre. Ce port est plutôt cher, il y a cependant un mouillage à l’entrée. Par contre il est mal abrité de la brise thermique, il vaut mieux bien faire son mouillage, et oringuer.
La suite du parcours s’est faite tranquillou la plupart du temps au moteur malheureusement à cause du faible vent du nord, voire de la pétole et ce jusqu’à Leixoes(à côté de Porto). Toujours pas mal de pêchous, des casiers et au niveau navigation à par l’île de Berlenga au large de Pénichet par de danger particulier. Ca me fait penser qu’on a filmé le mouillage de Nazaré au fait:
Si je me souviens bien l’accès au port de plaisance de Porto n’était pas éclairé de nuit, du coup comme je ne connaissais pas le coin on a opté pour Leixoès, un peu plus au nord et facile d’accès(juste prendre garde à de la caillasse à côté de la digue bâbord, mais facile à éviter). Pas très funky au niveau paysage mais possibilité de mouiller à côté de l’entrée du port si il n’y a pas trop de bateaux. La nav jusqu’à Baiona a permis de profiter une dernière fois d’un temps bien agréable pour faire de la voile.
3)La galice
Après le Portugal on peut à nouveau faire des navigations à la journée, dans les rias qui offrent par la même occasion pas mal d’abris. La côte auparavant presque rectiligne devient plus chaotique du coup on peut y faire du rase caillou. Il faut faire attention aux courants dans les rias qui augmentent selon leur largeur, et à la visibilité qui se réduit avec une météo plus douce(à cette période il y a pas mal de brouillard ici). L’entrée pour aller à Baiona est simple mais de nuit il faut faire attention aux chalutiers très présents dans le coins, et aussi les casiers.
(Remarque: à Baiona on trouve une réplique de la Pinta, un des bateaux de l’expédition de Christophe Colomb. Bon rassurez vous y’a des bars aussi.)
Petite video de la sortie de l’anse de Baiona:
De Baiona à la Corogne il y a pas mal de trafic de pêchous, surtout des gros chalutiers qui pêchent à deux avec un filet au milieu. On retrouve aussi les cargos pour notre plus grand plaisir. Pour la météo temps à grains dû à un passage de front froid, donc de nuit il faut faire attention aux pertes de visi brutales et aux empannages non volontaires à cause des adonnantes sous les grains(pas mal d’avoir un frein de bôme).
4)Le golfe de Gascogne
Plusieurs possibilités pour le traverser, soit on part de la Corogne directement, ou alors on continue à longer le nord de l’Espagne pour traverser plus tard(de Gijón par exemple)afin de raccourcir la distance à traverser dans le golfe. Le problème c’est qu’en rentrant plus profondément dans le golfe on risque de trouver moins de vent, et une houle plus chaotique. En plus le secteur de vent dominant étant ici d’ouest, il faut s’attendre à peut être descendre sous le vent du point à atteindre. On a choisit de prendre la route directe sur Concarneau car les conditions étaient favorables(20/25 nœuds ouest sud ouest). L’inconvénient c’est que tout les ports de France sont à égale distance de la Corogne, donc il n’y a pas de raccourci possible. La route directe fait 350 miles environ.
Dans le golfe il faut veiller aux cargos(aux niveau de Nantes notamment)et aux pêchous, la mer devient bordélique au passage sur la limite du plateau continental(d’Espagne au début et de France ensuite), ça brasse un peu avec les fonds qui remontent rapidement.
Nous concernant le départ s’est fait dans la pétole les 3 premières heures puis a augmenté rapidement sur secteur ouest dans la soirée et la nuit.
Dans la nuit le vent a encore pris des tours mais je n’ais pas voulu réduire(on était au portant et la pétole du début m’avait gavé)du coup pas mal de temps à la barre pour réduire la consommation du pilote automatique. C’était une erreur car l’allure du bateau plus la visi réduite m’a fait sous estimer le vent, résultat manille de l’écoute de grand voile pétée dans un beau départ au lof bien gras. En affalant la gv et en la ferlant le vent a encore forcit, passant de solent seul à l’avant à sec de toile. On aurait pu continuer sur tourmentin à l’avant voire même solent arisé mais on aurait été forcé d’empanner plusieurs fois sur notre route directe, en fait c’était plutôt cool malgré le coup de vent le bateau était vent arrière pile calé sur le bon cap à sec de toile, impec pour aller pioncer un peu, avec une vitesse surface de 7 nœuds(un grand merci à l’annexe mal fagotée capelée à l’arrière dont le fardage a été bien profitable je pense).
Le vent est ensuite redescendu la journée d’après, toujours secteur ouest(solent et un ris dans la grand voile). La nuit suivante nous a fait un petit cadeau avec une suite de grains orageux, idéal pour s’exercer aux lâchers et prises de ris toute la nuit, moins idéal pour ralentir sa consommation de cigarettes mais bon le secteur de vent était toujours favorable pour nous(ouest). Enfin le dernier jour temps magnifique et régulier au portant sous génois et gv haute.
Avant l’arrivée à Concarneau bien faire attention à l’archipel des Glénan, on peut utiliser une ligne de sonde pour bien le contourner au sud, après il y a pas mal de balisage(bouées et tourelles cardinales, amers à gogo).